« Plus de 1 200 malagasy ont déjà retrouvé la vue grâce au projet Mazava ». C’est ce qu’a déclaré Dr Jean-Marie Andre, chef du projet HelpMeSee à Madagascar, lors de sa présentation pendant la conférence de presse organisée hier à la Polyclinique d’Ilafy. Ce programme lancé en 2021, montre aujourd’hui des résultats encourageants. Selon lui, « l’initiative a pour objectif de combattre la cécité causée par la cataracte, une maladie qui touchait environ 150 000 personnes à Madagascar ». « En hébergeant gracieusement le centre de formation HelpMeSee, la Polyclinique d’Ilafy joue un rôle silencieux mais déterminant dans la lutte contre la cécité à Madagascar », a-t-il ajouté. Pour cela, le projet mise sur une méthode innovante : former des médecins généralistes à la chirurgie de la cataracte grâce à des simulateurs chirurgicaux modernes, semblables à ceux utilisés dans l’aviation. Le Dr Rindra Rafanomezantsoa, chef de clinique en ophtalmologie à la Faculté de Médecine d’Antananarivo, a souligné l’importance de cette technologie. « Avant, peu de médecins pouvaient être formés. Mais maintenant, la formation est plus rapide, plus simple et plus efficace », a-t-il déclaré.
Modèle
Aujourd’hui, 40 médecins ont été déjà formés, et 17 d’entre eux travaillent dans des zones rurales. Le programme vise à former 51 médecins d’ici 2026, avec l’appui du ministère de la Santé.
Le Dr Rindra Rafanomezantsoa, chef de clinique en ophtalmologie à la Faculté de Médecine d’Antananarivo au polyclinique d’Ilafy hier
La formation est entièrement gratuite. Elle se déroule en trois étapes. D’abord, les médecins suivent des cours théoriques en ligne. Puis, ils passent trois semaines d’entraînement sur simulateur à Ilafy. Enfin, les participants effectuent un stage pratique à l’hôpital HJRA, sous la supervision de spécialistes. Amener les soins vers les populations rurales est une priorité du projet. « Beaucoup de patients ne peuvent pas venir dans les grandes villes. En plaçant les chirurgiens dans les régions, on leur permet d’être soignés près de chez eux », a précisé Dr Rindra Rafanomezantsoa. Les infrastructures progressent également. En effet, le nombre de centres chirurgicaux est passé de 3 à 10. Par ailleurs, l’initiative vise 25 centres d’ici fin 2026. D’autres pays africains s’intéressent déjà à ce modèle. Mais au-delà de l’aspect médical, les responsables insistent sur l’effet social et économique.
« Quand quelqu’un retrouve la vue, il peut retravailler, aider sa famille. C’est plus qu’un projet de santé, c’est un vrai soutien au développement », a conclu Dr Jean-Marie André.
Carinah Mamilalaina